Thomas Mofolo est une figure majeure de la littérature africaine du début du XXe siècle. Cet auteur basotho, considéré comme le premier romancier d'Afrique subsaharienne, est l'un des pionniers de la littérature africaine moderne. Cependant, en dépit de son importance, Mofolo reste largement méconnu en France, illustrant une lacune regrettable dans la mémoire culturelle française.
Né en 1876 au Basutoland, le territoire qui deviendra plus tard le Lesotho, Mofolo a reçu une éducation missionnaire. Il a commencé sa carrière littéraire en écrivant en sesotho, une langue bantu. Ses œuvres, y compris son roman le plus célèbre, "Chaka", ont été publiées entre 1907 et 1925.
"Chaka" est une reconstitution romancée de la vie de Shaka Zulu, le roi guerrier qui a uni les tribus zulu. L'histoire de Shaka est racontée à travers une vision africaine, mettant en valeur la complexité et la richesse de la culture et de l'histoire africaines. L'œuvre de Mofolo a été influente non seulement pour la littérature africaine, mais aussi pour le mouvement de la Négritude, cherchant à revendiquer et à célébrer l'identité noire face à l'hégémonie culturelle occidentale.
Cependant, malgré l'importance de Mofolo, sa présence dans la mémoire culturelle française reste limitée. Son œuvre est rarement enseignée dans les écoles ou les universités françaises, et il est souvent absent des anthologies de la littérature mondiale en français. Cette absence souligne une tendance plus large à négliger ou à marginaliser les auteurs africains et autres voix non occidentales dans le canon littéraire français.
Reconnaître et intégrer des auteurs comme Mofolo dans la mémoire culturelle française est essentiel pour plusieurs raisons. Premièrement, cela enrichit notre compréhension de la littérature et de la culture mondiales, en mettant en lumière des perspectives et des expériences diverses. Deuxièmement, cela contribue à décoloniser le canon littéraire, en défiant les hiérarchies culturelles héritées du colonialisme. Troisièmement, cela favorise un dialogue interculturel et une solidarité plus larges, en valorisant les voix des communautés souvent marginalisées ou sous-représentées.
En conclusion, Thomas Mofolo, malgré son rôle pionnier dans la littérature africaine, reste l'un des "oubliés" de la mémoire française. Il est temps de redécouvrir et de reconnaître son œuvre, non seulement pour rendre justice à son héritage, mais aussi pour enrichir et diversifier notre panorama littéraire. C'est une étape nécessaire pour construire une mémoire culturelle plus inclusive et plus juste.